Gérer les parents de vos joueurs dans votre club de foot
Comment gérer les parents dans le foot amateur
Le foot amateur, c’est un univers passionnant, humain, mais parfois épuisant. Pour tout entraîneur honnête, il y a une réalité qu’on ne dit pas assez :
les parents peuvent devenir le plus grand défi de la saison. Pas par méchanceté, mais parce que leur enfant, c’est leur monde. Point.
Le constat de terrain
Demandez à dix coachs de foot amateur ce qui les fatigue le plus : neuf parleront des parents avant même les résultats. C’est dire.
“J’ai appris à gérer mes joueurs bien avant de savoir gérer leurs parents. Quand j’ai compris qu’il fallait les sortir du problème, j’ai commencé à gagner en sérénité.”
— Bruno Esnault, coach depuis 15 ans en ligue régionale
Les situations sont connues : un gamin ne joue pas 20 minutes et c’est déjà le drame. Une passe ratée ? “Le coach l’a pris en grippe.” Un duel physique ? “Pourquoi tu laisses mon fils se faire tacler ?”
Rassurez-vous : vous n’êtes pas seul. Ces scènes se rejouent sur tous les terrains du pays, chaque week-end.

Pourquoi les parents deviennent des enjeux
Avant de juger, il faut comprendre. Pour beaucoup de parents, le foot est un moyen de voir leur enfant s’épanouir, vivre une passion.
Mais inconsciemment, leur enfant devient aussi une extension d’eux-mêmes. Son succès, c’est un peu le leur.
“Les parents projettent souvent leurs propres frustrations ou rêves inachevés. Le coach devient parfois l’adversaire symbolique alors qu’il devrait être un allié.”
— Céline Moreau, psychologue du sport
C’est humain, mais explosif.
Les grands profils de parents difficiles
- Le critique permanent : celui qui interpelle après chaque entraînement. “Pourquoi mon fils ne joue pas devant ? Il est meilleur que celui-là !”
- L’avocat du fils : “Ce n’est pas juste, ce n’est pas son poste habituel.” (Sous-texte : vous êtes incompétent.)
- Le coach fantôme : il crie depuis la barrière comme s’il dirigeait l’équipe. “Vas-y ! Non, pas comme ça ! Défends !” — au final, qui entraîne ?
- Le parent disparu : jamais là, jamais un mot, jamais un transport. Et on s’étonne que l’enfant doute.
La stratégie qui marche : la communication préventive
Plutôt que de subir, autant anticiper. Les coachs les plus expérimentés posent un cadre dès le premier jour.
“Avant la saison, j’organise une réunion. J’explique : mon projet, ma gestion des temps de jeu, mes règles de communication. Résultat : les tensions ont chuté de moitié.”
— Philippe Renoux, coach U13 en Normandie
Cette méthode fonctionne parce qu’elle crée des attentes partagées. Pas de surprise, pas de zone grise.
• Les temps de jeu : c’est l’éducateur qui décide.
• Un seul canal de communication (mail, ou rendez-vous, pas WhatsApp à minuit).
• Les parents : la touche, pas le terrain.
• Les critiques de joueurs : entre le coach et le joueur, pas dans les tribunes.
Quand vient la conversation difficile
Même avec un cadre clair, certaines discussions sont inévitables. Un parent vous accroche, il faut répondre sans s’enflammer.
“Je laisse parler, j’écoute. Je dis juste : ‘Je comprends votre inquiétude, discutons-en calmement.’ On prend un café, pas un duel. Neuf fois sur dix, le parent voulait juste être entendu.”
— Sandrine Dupont, coach U11
Le piège, c’est la réaction à chaud. Restez pro, restez calme, sans devenir le copain.
Exemple :
Parent : “Mon fils donne tout et vous le laissez sur le banc.”
❌ Mauvaise réponse : “Tu ne comprends rien au foot.”
✅ Bonne : “Je vois son engagement, c’est vrai. Mon choix aujourd’hui est sportif. On fait le point ensemble dans trois semaines.”
Parents et réseaux sociaux : la plaie moderne
Un post, une photo, un commentaire, et c’est l’incendie.
“Un parent a posté la photo d’un gamin sur le banc. En une heure, dix messages dans le groupe WhatsApp. J’ai fermé le groupe et créé une page officielle du club. Depuis, plus de drame.”
— Didier Martinez, ancien coach de district
Encadrez la communication digitale :
- Un groupe officiel du club : oui.
- Un groupe parallèle de parents : non.
- Une charte réseaux sociaux affichée au club : encore mieux.
Le foot moderne, c’est aussi de la pédagogie numérique.

Le point de vue des parents
Parce que tout n’est pas noir et blanc.
“On veut juste comprendre. Si mon fils joue moins, pas de souci, mais qu’on me l’explique clairement.”
— Véronique, maman de deux jeunes joueurs
“Le meilleur coach qu’on a eu, il nous envoyait chaque mois un petit bilan : ce qu’on travaille, les points forts, les axes à améliorer. On sentait qu’il y avait un plan.”
— Marc, père d’un U15
Les parents ne demandent pas l’impossible : juste de la clarté et du respect.
Et vous, éducateurs, comment vous le faites ?
“J’ai arrêté de me battre. Maintenant je les intègre : un point collectif chaque trimestre, un appel individuel si besoin. Depuis, c’est apaisé.”
— Laurent, coach U18
“Je les implique. Transport, goûters, logistique : ça crée du lien et ça calme les critiques.”
— Nathalie, coach D2 amateur
“Chaque saison, j’envoie un document avec mes règles. Les parents qui adhèrent, parfait. Les autres, au moins c’est clair.”
— Jérôme, coach départemental
Une leçon commune : la clarté évite les tempêtes.
Ce que disent les chiffres
D’après une étude de la FFF (2023) menée auprès de 5 000 coachs amateurs, 73 % affirment que la gestion des parents prend plus de 25 % de leur temps d’encadrement.
L’association Parents et Sport ajoute : ces tensions sont la première cause d’abandon chez les jeunes, devant les blessures et les résultats.
Et selon l’Université de Lyon, clarifier les attentes dès le début de saison réduit les conflits de 68 %.
En conclusion : le changement commence au bord du terrain
Gérer les parents, ce n’est pas subir, c’est anticiper.
C’est aussi comprendre qu’un parent critique est souvent un parent inquiet ou mal informé.
Le meilleur outil reste la clarté : un projet sportif explicite, des règles écrites, une communication régulière.
Pas d’ambiguïté, pas de surprise.
Les parents sont des partenaires, pas des adversaires — mais des partenaires avec des limites bien tracées.
La saison se joue autant entre les lignes qu’en dehors. À vous de poser les règles du jeu.
Pour aller plus loin :
👉 Quand ton coach te déteste : la souffrance silencieuse du football amateur
👉 À Marseille, les coachs de quartier reprennent du service : entre passion, galère et coups de gueule
FAQ – Gestion des parents dans le foot amateur
Comment calmer un parent trop envahissant ?
En restant calme et factuel. Évitez la confrontation publique. Proposez un rendez-vous individuel pour expliquer vos choix.
Faut-il faire une réunion parents-coach ?
Oui, c’est essentiel. Présentez votre projet, vos règles et vos attentes. La prévention vaut mieux que la crise.
Les parents ont-ils un rôle à jouer ?
Oui, mais limité : encourager, respecter les choix du coach, et soutenir le club dans la logistique ou les valeurs.
Et si vous affichiez ça pour vos membres ?

💬 Et vous, éducateurs ou parents, comment vivez-vous cette relation ?
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Cet article s’appuie sur des témoignages d’entraîneurs amateurs français, des apports de consultants en psychologie du sport et des données de la FFF.
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