Pourquoi des coachs détruisent encore des enfants sans le savoir

Pourquoi certains coachs crient-ils plus qu’ils ne forment ?
• Beaucoup de coachs crient parce que c’est plus simple que d’expliquer.
• Un enfant figé par la peur n’apprend plus rien.
• La pédagogie, c’est la patience, la répétition et le respect.
• Former un jeune, c’est d’abord protéger son plaisir de jouer.
• Le foot amateur doit retrouver son rôle éducatif : transmettre, pas écraser.
Il existe des photos qui te frappent sans prévenir. Celle-ci fait partie de ces images qui te remuent l’estomac parce qu’elles disent la vérité : un petit joueur tétanisé, et un adulte qui semble vivre un drame là où il n’y a qu’une erreur de gamin. Le plus inquiétant, ce n’est pas le visage du coach. C’est celui du petit garçon. Ce mélange de peur, d’incompréhension et de solitude. Cette question silencieuse : “Qu’est-ce que j’ai fait ? Pourquoi il me crie dessus ?”
Et c’est là qu’émerge la vraie interrogation : pourquoi certains coachs crient-ils plus qu’ils ne forment ?
Pourquoi, dans un sport censé transmettre la confiance, l’amitié, la progression, on voit encore des adultes perdre leurs moyens devant des enfants ?
Parce que crier va vite.
Parce qu’expliquer prend du temps.
Parce que la frustration s’échappe plus facilement par la voix que par la pédagogie.
Parce qu’on confond trop souvent autorité et agressivité.
I. Le choc visuel : un gamin qui se fige, un adulte qui explose
Regarder cette image, c’est reconnaître une scène que n’importe quel parent, n’importe quel éducateur, n’importe quel enfant a déjà vécue. Sur la photo, il n’y a pas de ballon, pas d’action spectaculaire, pas de célébration. Il n’y a qu’un enfant, en silence, et un adulte qui lâche tout sur lui.
Le petit n’a même pas l’air en colère. Il n’a pas l’air insolent. Il a juste l’air… perdu.
Et c’est peut-être ça le plus dur à encaisser : il ne sait même pas pourquoi il se fait hurler dessus. Il attend qu’on lui explique. Il attend qu’on l’aide. Il attend qu’on le forme.
Son regard, c’est celui d’un enfant qui veut bien faire. Mais qui n’a pas compris ce qu’on attendait de lui. Et autour, personne n’amortit le choc. Personne n’attrape le coach par l’épaule. Personne ne protège le petit du déferlement.
Cette image résume parfaitement ce qui dérive dans certains clubs : le résultat avant le respect, la victoire avant l’apprentissage. On oublie qu’à cet âge-là, les enfants n’ont pas les outils émotionnels pour gérer un adulte qui s’emporte.
II. Le vrai problème : crier est facile, former est difficile
Crier ne demande aucun talent particulier. Aucun travail. Aucun recul. C’est la réaction la plus instinctive qui soit. On lâche la pression, on défoule sa frustration, on extériorise son stress.
Et beaucoup de coachs crient parce qu’ils ont vécu ça eux-mêmes. Parce qu’ils pensent que c’est « comme ça qu’on fait ».
Mais la vérité, c’est que crier ne forme personne.
Au contraire : un joueur crispé ne progresse pas. Un joueur qui a peur ne tente plus. Un joueur qui anticipe un cri n’écoute même plus la consigne.
Former… ça demande un tout autre niveau :
- comprendre comment fonctionne un enfant ;
- adapter son discours ;
- expliquer plusieurs fois ;
- montrer au lieu de reprocher ;
- accepter que l’apprentissage soit lent ;
- encourager même quand ça rate.
Dans un vestiaire, tu le vois vite : un coach qui parle calmement, qui prend le temps, qui montre, qui encourage… ses joueurs le suivent.
Celui qui crie sans arrêt, lui, perd son vestiaire un samedi après-midi de pluie. Et il ne comprend même pas pourquoi.
Parce que crier, c’est s’exprimer.
Mais former, c’est écouter.
III. Les dégâts invisibles : ce que le gamin ressent vraiment
Beaucoup d’adultes ne mesurent pas l’impact d’un cri.
Pour un enfant, un coach, c’est parfois un modèle.
Quelqu’un qu’il admire.
Quelqu’un auquel il veut plaire.
Quand ce modèle crie :
- La confiance se fissure — l’enfant pense qu’il n’est pas bon.
- Le plaisir disparaît — il n’ose plus toucher le ballon.
- La motivation s’éteint — il vient à l’entraînement avec un nœud dans le ventre.
- Le lien se coupe — il ne cherche plus à progresser, juste à éviter d’être repris.
- L’erreur devient une menace — alors qu’elle devrait être une étape normale.
Ce qu’un coach croit être « une petite gueulante » peut devenir un poids énorme pour un enfant sensible. Certains ne reviennent pas. Certains changent de club. D’autres arrêtent totalement le foot.
Pour un adulte, c’est un simple moment.
Pour un enfant, c’est parfois une blessure silencieuse qui dure.
IV. Former, c’est un métier : patience, pédagogie, calme
Un bon coach n’est pas celui qui hurle.
C’est celui qui parle peu, mais juste.
Celui qui ne s’énerve pas devant un contrôle raté.
Celui qui comprend qu’un enfant ne devient pas Iniesta en trois entraînements.
La pédagogie, ce n’est pas le calme pour faire joli.
C’est la base de la progression.
Former, c’est :
- visualiser le geste et le montrer simplement ;
- féliciter l’intention même quand l’exécution n’y est pas ;
- répéter sans soupirer ;
- valoriser les petites réussites ;
- créer un climat où l’enfant ose ;
- laisser le droit de rater, encore et encore.
Un gamin qui se sent respecté écoute.
Un gamin qui se sent soutenu progresse.
Un gamin qui se sent humilié se ferme.
C’est aussi simple que ça.
Tu veux qu’un joueur avance ?
Ne lui coupe pas les jambes avant même qu’il n’apprenne à marcher.
V. Le rôle du coach amateur : un éducateur avant tout
Dans le foot amateur, surtout chez les jeunes, un coach est bien plus qu’un technicien.
C’est un repère.
Un adulte qui compte.
Quelqu’un qui influence la vie du joueur bien au-delà du terrain.
Tu peux changer un gamin avec trois choses :
- une parole
- une attitude
- une manière de réagir à l’erreur
Un coach qui crie crée la peur.
Un coach qui explique crée la progression.
Un coach qui encourage crée l’envie.
Un coach qui respecte crée la fidélité.
Un joueur construit dans la confiance te remerciera un jour.
VI. Conclusion : si on veut former, on doit changer nos habitudes
Les images comme celle-ci doivent servir. Elles doivent nous bousculer.
Elles doivent nous rappeler pourquoi on est là : pas pour gagner un U10 départemental, mais pour transmettre quelque chose de fort à des enfants.
On peut faire autrement.
On doit faire autrement.
Le football amateur, c’est un espace d’éducation. Un endroit où les gamins doivent se sentir en sécurité. Un endroit où ils doivent pouvoir rire, apprendre, échouer, recommencer, s’améliorer.
Si un enfant rentre chez lui avec la boule au ventre, ce n’est pas le football le problème.
Ce sont les adultes.
Et c’est à nous de changer ça, maintenant.
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Sources
- FFE – Programmes d’éveil et d’initiation
- INSEP – Apprentissages et émotions chez le jeune sportif
- UNICEF – Impact de l’environnement adulte dans le sport jeunesse