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Comment soigner une entorse de la cheville

⏱️ Temps de lecture : 11 min

Entorse de la cheville : soigner correctement, rééduquer sans douleur et reprendre le foot en sécurité

⚠️ Important — Cet article est informatif, fondé sur des sources scientifiques et des retours de professionnels de santé.
Brigade du Foot n’est ni médecin ni kiné. En cas de douleur intense, déformation, impossibilité d’appui ou doute : consulte rapidement.

Appui foireux, contact à la retombée d’un duel, crampon coincé dans le gazon… et la cheville qui part d’un coup. Douleur qui pique, gonflement qui arrive, le match te paraît déjà loin. Respire. Une entorse de cheville, bien gérée dès la première heure, se soigne vite et proprement. Mal gérée, elle s’invite toute la saison. Dans ce guide “vestiaire + preuves”, on déroule une méthode claire : calmer l’aigu, rééduquer sans agresser, renforcer et reprogrammer la proprioception, puis rechausser les crampons avec des critères objectifs. Bonus : des exercices concrets, deux vidéos en français, et les erreurs classiques qui font durer l’entorse.

📌 À savoir : l’entorse fait partie des blessures courantes chez les footballeurs amateurs. Bien traiter la première, c’est souvent éviter les suivantes.

Phase 1 — Aiguë (J0 à J3) : calmer la douleur, contenir le gonflement, protéger la cheville

Objectifs immédiats : douleur sous contrôle, œdème limité, ligaments protégés. On s’appuie sur le classique GREC (Glace, Repos relatif, Élévation, Compression). Simple et efficace quand c’est bien fait.

G — Glace (cryothérapie courte et régulière)

  • Pose 15 à 20 minutes, toutes les 2–3 heures pendant 48–72 h. Toujours interposer un tissu pour protéger la peau.
  • But : calmer la douleur et limiter le gonflement. Évite les séances trop longues : pas de “marathon de glace”.
  • “Glace ou chaud ?” En phase aiguë : glace uniquement. La chaleur arrive plus tard, au cas par cas, après avis pro.

R — Repos relatif (protéger sans immobiliser)

  • Évite l’appui forcé si douleur > 3/10. Les béquilles aident sur grade II/III.
  • Pas d’immobilisation stricte prolongée : on protège, mais on ne fige pas. Le but, c’est de préparer un mouvement précoce sans déclencher la douleur.

E — Élévation (drainage anti-œdème)

  • Cheville au-dessus du cœur, 20–30 minutes, 3–4 fois/jour. Combine avec la glace pour un effet cumulatif.

C — Compression (bandage ou chevillère)

  • Bandage élastique ou chevillère de contention (classe 1–2). Serrage “un doigt passe”.
  • Signes d’alerte (desserrer) : orteils bleus/froids, fourmillements, douleur pulsatile.
Parole vestiaire : Les 72 premières heures font la différence. Glace, compression, élévation, repos intelligent. Ensuite, on réapprend à bouger proprement.

Phase 2 — Bilan (24–48 h) : savoir ce qu’on a pour choisir la bonne route

Le professionnel de santé classe l’entorse en grade I (bénigne), grade II (modérée) ou grade III (grave). Il évalue la stabilité (tests cliniques), applique les règles d’Ottawa pour décider d’une radiographie, et peut demander échographie/IRM s’il suspecte une lésion plus lourde.

  • Grade I : douleur modérée, marche possible, pas d’instabilité → récupération 1–3 semaines si protocole sérieux.
  • Grade II : douleur marquée, œdème + ecchymose, marche difficile, instabilité légère → 4–6 semaines + rééducation structurée.
  • Grade III : rupture(s) ligamentaire(s) et instabilité franche → parfois immobilisation 3–6 semaines, rééducation longue, chirurgie si arrachement osseux/instabilité persistante.
Urgence : cheville déformée, pied froid/bleu, douleur extrême, impossibilité totale d’appui, gonflement massif rapide. Dans ces cas-là : urgences.

Phase 3 — Récupération active (de J+3 à consolidation) : bouger sans agresser

La règle d’or : douleur ≤ 3/10 pendant l’exercice et pas de regonflement le lendemain. Si ça tire trop ou si ça regonfle, on baisse la charge 48–72 h, puis on remonte. L’idée n’est pas d’être un héros, mais d’être régulier.

Semaine 1 : mobilité douce (3–4 fois/jour)

  • Alphabet du pied : dessine A→Z avec les orteils (assis, jambe tendue).
  • Pompages : flexion/extension calme, amplitude progressive sans douleur.
  • Inversion/éversion : mouvements latéraux lents et contrôlés.
  • Balle sous voûte : rouler 2–3 min pour relâcher la plante.

Voir la vidéo sur YouTube

💡 Astuce kiné : mieux vaut 5 à 7 minutes répétées dans la journée que 30 minutes d’un coup. La cheville adore la régularité.

Semaines 2–3 : mise en charge et renforcement de base

  1. Appui : partiel → complet sans boiterie.
  2. Marche : terrain plat 10–15 min, cadence souple.
  3. Proprioception : équilibre bipodal, puis unipodal 30 s (yeux ouverts → demi-fermés).

Renforcement : montées sur pointes (3×15), marche sur talons (2×20 m), travail élastique (inversion/éversion/flexion/extension 3×15–20). Objectif : contrôle, qualité, symétrie.

Semaines 4–6 : force et proprioception avancées

  • Mollets unipodaux : 3×12–15 + descentes excentriques lentes (5 s).
  • Stabilisateurs latéraux : élastiques plus durs dans les 4 directions.
  • Chaîne postérieure : fentes avant/latérales (3×8), pont fessier unipodal, demi-squat unipodal.
  • Proprio : coussin/BOSU 3×1 min, lancers de balle en équilibre, petits sauts + réceptions contrôlées.

Voir la vidéo sur YouTube

🎯 Critères de progression : douleur ≤ 3/10, pas de regonflement le lendemain, équilibre unipodal 30 s propre. Si bloqué, on redescend d’un cran 48–72 h puis on ré-accélère.

Retour au foot : check-list objective (pas au feeling)

  • Douleur nulle au quotidien et à la marche rapide.
  • Cheville qui ne regonfle plus après une séance complète.
  • Amplitude = côté sain (comparaison active).
  • Force du mollet ≥ 90% vs côté sain (nombre de montées sur pointes unipodales identique).
  • Tests fonctionnels “OK” : saut vertical, triple hop, course en 8 sans appréhension.
  • Équilibre unipodal yeux fermés ≥ 30 s, propre.
Erreur classique : reprendre “parce que le match est important”. Une semaine gagnée aujourd’hui = parfois 3 mois perdus demain.

Médicaments : soulager sans freiner la cicatrisation

  • Paracétamol en premier (selon notice/avis médical) pour la douleur.
  • AINS (ibuprofène/naproxène) : à discuter après 48–72 h et sur courte durée (3–5 j) si douleur forte, car trop tôt/trop longtemps ils peuvent freiner un peu la cicatrisation ligamentaire.
  • Topiques (diclofénac/kétoprofène) : intérêt modéré, bonne tolérance.
  • Supplémentation (vitamine C, oméga-3, curcumine) : peut aider, mais ne remplace jamais un programme de rééducation.

Prévenir les rechutes : la routine qui te garde sur le terrain

  1. Chevillère semi-rigide 3–6 mois à la reprise (foot, basket, hand, volley), plus longtemps si antécédents. Le strapping par un pro est efficace mais coûteux sur la durée.
  2. Proprio d’entretien 3×/sem (à vie si tu joues au foot) : 1 min unipodal (progression coussin/yeux fermés), parcours d’appuis, petits changements de direction.
  3. Force continue : mollets, fibulaires (péroniers), tibial antérieur, intrinsèques du pied (un peu de travail pieds nus).
  4. Matériel & terrain : chaussures avec talon bien tenu (contrefort rigide), surfaces stables au début. Les chaussures montantes ne protègent pas magiquement et peuvent anesthésier la proprioception.
🔗 Pour aller plus loin : Prévenir les blessures au football amateur

Les quatre erreurs qui font traîner une entorse

  • Reprendre trop tôt (match décisif, faux bon plan).
  • Forcer malgré la douleur : la douleur est un signal, pas un défi.
  • Zapper la proprioception : c’est le GPS de ta cheville.
  • Négliger la jambe opposée : travaille aussi le côté sain pour garder la symétrie.

Paroles de terrain

“On veut toujours tester la cheville trop tôt. Résultat : rechute. Check-list validée, sinon pas de match.”Coach Malik, éducateur U17

“La proprio, c’est chiant au début… jusqu’au jour où tu vois la différence sur un appui limite.”Sarah, milieu de terrain

⚠️ Rappel — Article informatif. Brigade du Foot n’est ni docteur, ni kiné. Les conseils sont généraux et doivent être adaptés par un professionnel. En cas de doute : consulte.

Sources (sélection)

  • Vuurberg G, et al. Diagnosis, treatment and prevention of ankle sprains: update of an evidence-based clinical guideline. British Journal of Sports Medicine, 2018. PDF
  • Stiell IG, et al. Ottawa Ankle Rules — décision d’imagerie. Lien
  • Hupperets MDW, et al. Home-based proprioceptive training to prevent recurrences. BMJ, 2009. Lien
  • Bleakley C, et al. Management of acute soft tissue injury: cryotherapy. Lien
  • Frontiers in Medicine (2022). Umbrella review sur l’entorse aiguë (bénéfices modérés de la cryothérapie dans une prise en charge combinée). Lien

Questions fréquentes sur l’entorse de la cheville (FAQ)

⏱️ Combien de temps pour guérir une entorse de la cheville ?

Selon la gravité : entorse bénigne (grade I) ≈ 2–3 semaines, entorse modérée (grade II) ≈ 4–6 semaines, entorse grave (grade III) ≈ jusqu’à 3 mois. La reprise du foot se fait uniquement quand la cheville est stable, sans douleur ni gonflement, avec une force du mollet ≥ 90 % du côté sain et des tests fonctionnels validés.

🧊 Faut-il mettre du chaud ou du froid pour une entorse ?

En phase aiguë (J0–J3), c’est froid : 15–20 minutes toutes les 2–3 h avec protection cutanée. La chaleur ne s’envisage que plus tard, au cas par cas et après avis professionnel, pour relâcher les tissus.

💪 Quels exercices faire après une entorse de la cheville ?

Dès J+3 : mobilité douce (alphabet du pied, pompages), puis renforcement progressif (pointes de pied, élastiques) et proprioception (équilibre unipodal, coussin/BOSU, lancers de balle). On progresse sans douleur > 3/10 et sans regonflement le lendemain.

⚽ Peut-on jouer au foot avec une chevillère ?

Oui, une chevillère semi-rigide sécurise la reprise (surtout sur terrains instables) mais ne doit pas masquer la douleur ni remplacer le travail de proprioception. Au début, elle est souvent recommandée 3–6 mois.

⛔ Quand consulter un médecin après une entorse ?

En cas de douleur très forte, gonflement rapide, déformation visible ou impossibilité d’appui, il faut consulter sans attendre (règles d’Ottawa : radio souvent nécessaire) pour écarter fracture ou entorse grave.

🔁 Comment éviter les entorses à répétition ?

Proprioception d’entretien 3×/semaine, renforcement des mollets et fibulaires, chaussures à contrefort rigide, reprise progressive sur terrain stable, et chevillère si besoin. La régularité fait toute la différence.

Partage à l’équipe : si ce guide peut éviter une rechute à un coéquipier, un jeune ou un parent, envoie-le dans le groupe. Une cheville bien soignée, c’est des points gagnés sans toucher au ballon.