Projet Mbappé : Quand le rêve étouffe le jeu chez nos enfants
Projet Mbappé : quand le rêve étouffe le jeu chez nos enfants ⚽
Le terme “Projet Mbappé” a quitté les réseaux pour s’inviter au bord des terrains du foot amateur. Derrière l’admiration légitime pour un champion, une autre dynamique s’installe : attentes irréalistes, pression parentale, perte du plaisir — parfois jusqu’au découragement. Sur les pelouses de Provence-Alpes-Côte d’Azur comme ailleurs, éducateurs et parents cherchent un nouvel équilibre : rêver grand sans étouffer le jeu. Voici un état des lieux, des témoignages et des solutions concrètes pour remettre l’enfant et le plaisir au centre.
🚨 Une passion qui tourne à l’obsession
Dans les tribunes, sur WhatsApp ou au bord des terrains en Provence-Alpes-Côte d’Azur, on entend souvent : « Mon fils suit un projet à la Mbappé ». Mais derrière le fantasme de la réussite, le foot amateur commence à suffoquer. L’exemple de Kylian, aussi exceptionnel soit-il, devient une pression pour les gosses… et un vrai problème pour nos clubs.
🧠 Quand la pression flingue le plaisir
➤ Des attentes irréalistes
Certains parents parlent déjà d’agents, de contrats, de parcours élite… alors que le petit a 9 ans et découvre à peine le hors-jeu. L’objectif ? « Percer » comme Mbappé. Sauf qu’on oublie une chose : Kylian, c’est un sur des millions.
➤ Des enfants sous tension
Trois entraînements par semaine, un coach perso, des stages pendant les vacances et des vidéos à poster sur Instagram. Le foot devient une mission. Et à force de tirer sur la corde, les mômes craquent mentalement, ou abandonnent. À 12 ans, certains ne veulent plus mettre les crampons. Triste réalité.
➤ Une identité qui se résume à “futur pro”
Quand tout tourne autour de la réussite sportive, que reste-t-il de l’enfant ? Il ne joue plus, il travaille à être bon. Et quand ça ne suit pas ? Blessures, déprime, perte de confiance… tout s’écroule.
💸 Un foot amateur qui perd pied
➤ Inégalités criantes
Certains parents investissent des fortunes en coaching privé. D’autres n’ont même pas les moyens d’acheter de nouveaux crampons. Résultat : deux mondes qui s’éloignent dans un sport qui devrait rassembler.
➤ Clubs locaux vidés de leur âme
Les jeunes les plus talentueux quittent les clubs pour des structures “plus visibles”. Mais derrière ces départs précoces, c’est l’engagement bénévole, les éducateurs passionnés et les projets collectifs qui s’effondrent.
➤ Des parents qui deviennent entraîneurs bis
Remises en question des compositions, critiques en bord de terrain, pression sur les coachs… L’ambiance devient irrespirable. Le bénévolat en prend un coup, et la passion aussi.
🌱 Où sont passées les vraies valeurs ?
Le foot amateur, c’est plus qu’un score ou un palmarès. C’est apprendre à perdre, se relever, progresser avec les autres. C’est la joie d’un but à l’entraînement, les copains du week-end, les frites d’après-match.
Mais à force de vouloir en faire des champions, on oublie d’en faire des hommes. Le respect, l’effort, l’écoute, la patience : voilà ce qu’on doit cultiver, pas juste des stats ou des likes.
📢 Rappel utile : on parle d’enfants
Oui, il faut encourager les jeunes. Oui, il faut nourrir leurs rêves. Mais il faut aussi les protéger. Le foot n’est pas un marché, c’est un jeu. Et s’il n’y a plus de plaisir, il n’y a plus rien.
Le football amateur en PACA mérite mieux que des mini-pros en burnout. Il mérite de rester ce qu’il a toujours été : un espace de passion, d’apprentissage et de lien humain.
🎙️ Ce que les éducateurs constatent sur le terrain
Dans les clubs de quartier, la tendance est la même : plus d’attentes, moins de patience. Un coach U10 résume : « On m’appelle pour demander pourquoi le gamin n’a pas débuté, jamais pour demander s’il a souri, progressé ou pris confiance. » Un autre, en U13 : « Certains minots jouent avec le frein à main — peur de rater car tout est filmé. » Ces retours soulignent un enjeu simple : protéger la spontanéité qui fait naître l’envie d’apprendre.
🧩 Comment agir en tant que parent : la checklist saine
- Avant le match : une phrase, pas un plan de jeu. « Prends du plaisir, fais les efforts, encourage tes copains. »
- Pendant : laisser l’éducateur guider, éviter les consignes contradictoires depuis la touche.
- Après : commencer par l’humain (« Tu t’es régalé ? »), puis l’effort, enfin l’analyse.
- Réseaux sociaux : partager des moments, pas des statistiques. L’enfant n’est pas un CV.
- Rythme : planifier des temps sans ballon : autre sport, repos, copains — la tête respire, le corps récupère.
🏟️ Pour les clubs : 6 mesures concrètes (simples & efficaces)
- Réunion “cadre éducatif” en début de saison : objectifs, rôles, temps de jeu, règles de touche.
- Charte parents & joueurs signée : respect, encouragement, droit à l’erreur.
- Tournois internes orientés plaisir : rotations, postes variés, défis ludiques.
- Communication claire sur les sélections : critères, calendrier, progression attendue.
- Passerelles avec l’école : horaires adaptés, devoirs, sommeil & alimentation.
- Référent bien-être (éducateur formé) : point d’écoute pour désamorcer la pression.
📚 Aller plus loin : guides et exercices utiles
- Apprentissage du football 6–8 ans : bases, repères, erreurs à éviter
- Apprendre à jouer au foot à des enfants de 6 ans : méthode simple
- Exercices de foot adaptés U6/U7 : ludique & progressif
- Développer le “deux pieds” entre 6 et 10 ans
- Gérer les parents au bord du terrain : cadre & dialogue
- Guide du foot amateur : progresser sans se brûler
🛡️ Repères d’âge : charge, plaisir et progression
U6–U7 : jeux courts, motricité, découverte du ballon. Zéro pression, tout est apprentissage par le jeu.
U8–U9 : coordination, conduite, passes simples. Erreur = normal. Viser la curiosité, pas la performance.
U10–U11 : vision de jeu, contrôle-passe, maîtrise émotionnelle. Introduire la tactique sans l’imposer.
U12–U13 : croissance hétérogène : adapter les attentes. Prévenir la surcharge (école + sport + écrans).
U14+ : spécialisation progressive, mais rester attentif au plaisir. Construire la confiance, pas l’ego.
💬 Conclusion : le bon projet, c’est un enfant qui a envie de revenir
Le “Projet Mbappé” n’est pas un ennemi en soi. Ce qui étouffe, c’est la projection adulte quand elle prend toute la place. Le rôle du club et de la famille ? Garder le jeu vivant : droit à l’erreur, rires, copains, défis adaptés. Un enfant qui s’éclate apprend plus vite, plus longtemps — et, s’il le mérite, ira plus haut.
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❓ Questions fréquentes
- Qu’est-ce que le “Projet Mbappé” dans le foot amateur ?
C’est la tendance à calquer la réussite exceptionnelle de Kylian Mbappé sur des enfants, en transformant un rêve inspirant en plan de carrière précoce — avec une pression qui peut nuire au plaisir et à la progression réelle. - Quels signes de pression excessive chez un jeune joueur ?
Troubles du sommeil, appréhension avant l’entraînement, peur de rater, baisse d’envie, fatigue permanente, conflits familiaux autour du foot. - Comment rééquilibrer sans “casser le rêve” ?
En distinguant rêve (motivation) et plan (pression) : on valorise l’effort, le plaisir, la coopération, on parle d’école, d’amis, d’autres activités. Le rêve reste une boussole, pas un verdict. - Quelles actions simples pour un club amateur ?
Réunion “cadre éducatif” en début de saison, charte parents/joueurs, référent bien-être, communication transparente sur les sélections, tournois ludiques, passerelles avec l’école et la famille.



