Conduite de balle par âge (U6–U20)
Conduite de balle au football : guide complet de U6 à U20
On croit souvent que la conduite de balle, c’est juste avancer avec le ballon collé au pied. En réalité, c’est
bien plus que ça. C’est le lien entre la technique, la vision et la personnalité d’un joueur. Celui qui sait
conduire juste, c’est celui qui choisit le bon rythme, qui sent le jeu, qui fait respirer son équipe.
Regarder, sentir, adapter : trois mots simples, trois habitudes à répéter dès l’école de foot.
Pourquoi la conduite de balle est au cœur de la formation
Pour un éducateur, c’est la première pierre de la maison technique.
Avant le contrôle, avant la passe, il faut déjà savoir déplacer le ballon proprement.
Quand la conduite est maîtrisée, tout le reste devient plus fluide.
Et ce n’est pas réservé aux petits : même les seniors bossent la conduite chaque semaine.
Sur le terrain, un joueur qui conduit bien se distingue vite.
Il ne subit pas le ballon, il le guide. Il choisit s’il accélère ou s’il temporise.
C’est ce sens du rythme qui sépare le joueur “rapide” du joueur “juste”.
avec des repères clairs, des exemples d’exercices, et les erreurs à éviter.
Un guide d’éducateur pour faire progresser ton groupe, pas pour cocher des cases.
Les fondamentaux : ce qu’on veut voir chez tous les joueurs
- Longueur des touches : courte quand ça presse, plus longue quand ça s’ouvre.
- Regard levé : scanner l’environnement sans perdre le contact balle-pied.
- Surface du pied : intérieur/extérieur, parfois semelle, selon le geste et la vitesse.
- Posture : buste légèrement penché, appuis dynamiques, bras actifs.
- Pied faible : travaillé régulièrement, sans forcer, mais sans oublier.
- Protection : corps entre ballon et adversaire, hanche et bras comme bouclier légal.
Voir la vidéo : 10 exercices pour la conduite de balle (U7–U12)
U6–U9 : découvrir, toucher, aimer le ballon
Chez les plus petits, pas question de parler de technique.
Ce qui compte, c’est de donner envie. Le ballon doit devenir un compagnon, pas un objet d’angoisse.
À cet âge, tout se joue dans le plaisir et la répétition.
- Objectif : coordination, équilibre, familiarisation balle-pied.
- Exemples d’exos : slaloms colorés, parcours ludiques, jeux de poursuite avec ballon.
- Erreurs à éviter : trop de consignes, ou vouloir “corriger” chaque touche.
L’éducateur doit parler en images : “serpente comme un serpent”, “touche comme si tu caressais la balle”.
C’est ce langage-là qui fait passer les bons gestes sans casser le naturel du jeu.
Dix secondes de pause max, sinon tu perds leur attention.
U10–U13 : apprendre à varier et à décider
C’est la phase clé. Les enfants ont déjà la coordination, maintenant il faut leur apprendre à choisir.
Conduire, ce n’est pas juste avancer, c’est comprendre quand et comment.
On introduit ici la variation des surfaces, le rythme, le pied faible, la tête levée, et la notion de tempo.
Les séances doivent alterner entre des exos de maîtrise pure (slaloms, relais, changements de direction)
et des situations proches du jeu : 1v1, 2v2, conduite + passe.
On veut que chaque touche serve un objectif, pas qu’elle remplisse le temps.
- Répéter sans lasser : chrono, défis, duels à thème.
- Mettre du sens : finir chaque exercice par une passe, un tir ou un centre.
- Valoriser l’intention : féliciter le pied faible tenté, même raté.
Voir la vidéo : exercices de conduite U9–U10 (variations, rythme, appuis)
À ce stade, le rôle du coach est essentiel : corriger doucement, observer beaucoup.
Trop d’interventions cassent le naturel. Mieux vaut montrer une fois que parler cinq fois.
Le regard du joueur, sa posture, sa respiration : tout est information.
avec une consigne simple : “regarde ton copain à chaque touche”.
La régularité fait progresser plus que la complexité.
Le lien entre conduite et jeu collectif
C’est souvent ici que tout se joue : le moment où le joueur comprend que conduire, ce n’est pas garder.
C’est préparer le jeu.
Le gamin qui garde trop, tu le perds. Celui qui panique dès qu’il touche, tu l’enfermes.
La bonne conduite, c’est celle qui sert à relancer, à fixer, ou à donner du souffle à l’action.
L’éducateur doit donc relier la technique à la lecture de jeu : “Pourquoi tu as conduit ?”, “Qu’est-ce que tu voulais faire ?”.
Ces questions simples transforment la séance en apprentissage. Le joueur réfléchit, il ne répète plus bêtement.
U14–U17 : la conduite sous pression
Ici, le jeu s’accélère, les espaces se ferment, les contacts deviennent réels.
La conduite de balle doit évoluer avec le rythme. Le joueur ne peut plus tout faire “au feeling”.
Il doit apprendre à lire le rapport espace-pression et à ajuster la longueur de ses touches.
Un bon exercice pour cette tranche d’âge, c’est le 1v1 chronométré :
dix secondes pour éliminer, fixer ou ressortir proprement. Le temps impose la lucidité.
Le joueur apprend à ne pas paniquer, à observer avant d’agir.
- Objectif : intensité, précision, prise d’information rapide.
- Exemples : 2v2 à thème, zones de densité, conduites vers la passe décisive.
- Correction : rappeler que chaque touche doit avoir une raison.
C’est simple, mais très efficace.
U18–U20 : conduire pour créer le jeu
Dans le foot adulte, la conduite de balle n’est plus un apprentissage moteur, c’est un outil tactique.
Elle sert à attirer, à fixer et à libérer.
Un joueur qui conduit intelligemment change le rythme d’un match sans toucher 50 fois le ballon.
On cherche ici la maîtrise décisive : deux touches fortes pour casser une ligne,
une conduite de protection pour ressortir, une accélération pour lancer un contre.
Chaque geste est connecté à une lecture de jeu.
- Objectif : efficacité et vision collective.
- Exemples : 3v2 transition rapide, jeu réduit à thème “conduite = libération”, vidéo-analyse de match.
- Rôle du coach : questionner le choix, pas juger le geste.
S’il y en a plus de cinq, revois la lecture du joueur. Le bon tempo, c’est celui du jeu, pas celui du dribble.
Erreurs les plus fréquentes
- Regard collé au ballon : créer des repères visuels (plots colorés, coach qui lève la main).
- Toujours pied fort : imposer un exo pied faible au début de chaque séance.
- Toujours touches longues : réduire les zones de jeu et forcer trois touches mini par action.
- Posture raide : échauffement d’appuis toniques, bras actifs, bassin souple.
- Conduite hors contexte : toujours finir un exercice par une passe, un tir, ou un centre.
Conseils du vestiaire pour les éducateurs
Si tu veux que tes jeunes progressent, évite les monologues.
Parle peu, montre plus. Le terrain est le meilleur prof.
Quand tu sens un joueur crispé, donne-lui un défi simple : “regarde-moi deux fois par conduite”.
Il se reconcentre, sans se braquer.
- Fixe un objectif clair par séance : pas de flou.
- Montre le geste au ralenti, puis laisse-les reproduire.
- Répète les bases chaque semaine, même brièvement.
- Félicite l’intention avant le résultat : le joueur ose, il apprend.
- Crée du sens : relie toujours la technique à une situation de match.
Si ton joueur comprend ça, tu as gagné ton année.
Exercices bonus pour affiner la maîtrise
1) Conduite + passe dans le tempo
Deux joueurs face à face à 10 mètres.
A conduit 6 touches, passe à B qui repart aussitôt.
On cherche la précision dans la dernière touche avant la passe.
2) Parcours chrono : trois rythmes
Premier tiers lent, deuxième moyen, dernier à fond.
L’éducateur compte les touches et relève les écarts.
Excellent pour apprendre à doser la vitesse.
3) Sortie de densité
Carré 8×8, 3 défenseurs passifs.
Le porteur doit trouver la sortie avec le bon angle et la bonne touche.
On note la vitesse de décision plus que le résultat.
Rien ne motive plus qu’un joueur qui se voit plus juste qu’avant.
FAQ
Faut-il forcer un joueur à utiliser les deux pieds ?
Non, mais il faut l’y encourager. L’idée est de créer des automatismes dans le bon pied,
puis progressivement d’ouvrir au pied faible dans des situations sans pression.
Plus il s’en servira, plus il progressera naturellement.
Quelle est la meilleure surface du pied pour conduire ?
L’intérieur pour la précision, l’extérieur pour la vitesse et les changements de direction.
Un joueur complet alterne selon l’espace, la pression et la trajectoire.
Faut-il toujours garder la balle proche ?
En zone serrée, oui. Mais sur un débordement ou une contre-attaque, allonger la touche peut être un atout.
La conduite s’adapte au contexte du jeu, jamais l’inverse.
Sources
- Fédération Française de Football (FFF) – Formation des éducateurs, modules techniques
- UEFA Training Ground – Développement du jeu technique et coordination
- INSEP – Développement moteur du jeune footballeur
Ces références servent de base pour calibrer les progressions par âge et le contenu d’entraînement technique.
Et toi, tu bosses la conduite comment ? Laisse ton idée d’exo ou ta méthode terrain en commentaire sur brigadedufoot.com.