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Il ne me fait pas jouer, mais je mérite le respect » : La souffrance silencieuse des jeunes footballeurs oubliés

“Il ne me fait pas jouer, mais je mérite le respect” : La voix silencieuse des remplaçants

Un dossier pour donner des mots à celles et ceux qu’on laisse trop souvent sur le côté : titulaires, remplaçants, non-convoqués — tous méritent le même respect.

⚠️ Attention : 60% des éducateurs respectent leurs jeunes joueurs — le sujet n’est pas la chasse aux sorcières, mais la défense d’un cadre éthique pour 100%.

87e minute. 0 explication. WhatsApp froid. Chaque week-end, dans le football amateur, des milliers d’enfants vivent la même scène : rester assis sur le banc de touche, attendre une convocation qui ne viendra pas, ou entrer quelques minutes en fin de match comme si leur présence ne comptait pas. Cet article plonge dans la souffrance silencieuse des jeunes footballeurs remplaçants et oubliés (joueurs de réserve, non-convoqués), un sujet crucial pour les parents, éducateurs et dirigeants.

Jeune footballeur seul sur banc de touche, attendant un message qui ne vient jamais
Attendre un message du coach, mais ne jamais rien recevoir…

« Il ne me fait pas jouer, mais je mérite le respect » : La voix silencieuse des remplaçants

Quand le banc de touche devient une épreuve de l’âme

Il est 14h30, un samedi après-midi. Lucas, 13 ans, enfile son maillot dans le vestiaire. Ses mains tremblent légèrement. Pas de stress, non. D’anticipation. Encore une fois, il sait qu’il va probablement rester assis. Encore une fois, il va regarder ses coéquipiers courir pendant que lui compte les minutes.

Mais Lucas, au moins, il sera là. Sur le banc. Dans le groupe. Visible.

Yanis, lui, est resté à la maison. Encore. Son téléphone est posé sur son bureau. Il le regarde toutes les cinq minutes depuis 17h hier. Le message des convoqués est arrivé sur WhatsApp. Et son nom n’y figure pas. Encore.

Les trois cercles de l’exclusion

Dans le football amateur, il existe une hiérarchie cruelle que tous les jeunes connaissent :

Les titulaires : Ils jouent. Tout le temps. Parfois mal, mais ils jouent quand même. Les intouchables.

Les remplaçants du banc : Ils sont là physiquement. Mais absents du jeu. Assis 90 minutes. Échauffés au cas où. Prêts au cas où. Mais le « cas où » n’arrive presque jamais. Ou seulement dans les cinq dernières minutes, quand tout est joué.

Les non-convoqués : Ils ne sont même pas sur le banc. Restés à la maison. Oubliés. Rayés de la liste. Ils existent uniquement le mardi et le jeudi soir à l’entraînement.

Aujourd’hui, nous allons parler des trois. Parce que tous méritent le respect.

Infographie en trois actes sur l’attente, le banc et les chiffres de l’exclusion
Du message du vendredi à la réalité du samedi : l’exclusion en trois actes.

Le vendredi soir : l’attente qui tue

Le message qui ne vient jamais

18h47, vendredi soir. Le téléphone vibre. Groupe WhatsApp « U15 – Saison 2024/2025 ». Yanis déverrouille son écran, le cœur battant.

« Salut les gars, voici le groupe pour demain : Mathis, Tom, Enzo, Maxime, Dylan, Nathan, Lucas, Hugo, Théo, Samir, Rayan, Kevin… »

Yanis relit. Une fois. Deux fois. Trois fois. Son nom n’y est pas.

Dans sa chambre, il pose son téléphone. Ses yeux piquent. Il a 14 ans et il vient de comprendre qu’une fois de plus, demain matin, pendant que ses « coéquipiers » joueront, lui restera à la maison.

Dylan, 12 ans, témoigne : « Je m’entraîne mardi et jeudi. À fond. Le vendredi soir, j’attends le message. Mon père me demande ‘alors, tu joues demain ?’ Je lui dis ‘je sais pas encore’. Mais je sais. Au fond, je sais. Le message arrive. Je ne suis pas dedans. Mon père voit ma tête. Il dit ‘c’est pas grave mon grand’. Mais c’est grave. Moi j’ai l’impression que je suis une merde. Que je ne compte pas. »

À lire aussi : Quand ton coach te déteste : souffrance du football amateur

Le samedi matin : trois réalités, trois souffrances

Yanis : celui qui reste à la maison

9h30. Yanis est encore en pyjama. Ses parents essaient de positiver. Mais il n’a envie de rien.

10h15. Sur son téléphone, il voit les stories Instagram de ses « coéquipiers ». Ils sont sur le terrain. Ils s’échauffent. Ils rient. Ils existent. Lui est invisible.

Comment pourrait-il se sentir concerné par une équipe qui l’oublie ?

Lucas : celui qui est sur le banc

10h00. Lucas arrive au terrain. S’échauffe sérieusement. Parce qu’on ne sait jamais. Peut-être qu’aujourd’hui sera différent.

11h15. Le match est lancé depuis 45 minutes. Lucas n’a pas quitté le banc. Il compte les minutes. « Il reste 30 minutes. Si le coach me fait rentrer maintenant, je jouerai au moins une demi-heure. Si il attend 75 minutes comme d’habitude, je jouerai 5 minutes pour rien. »

11h42. 87ème minute. Le coach se tourne vers le banc : « Lucas, tu t’échauffes, tu rentres. »

3 minutes de jeu. Son cœur bat. Pas d’excitation. De rage. De frustration. À quoi ça sert ?

Il entre. Touche deux ballons. Le sifflet final retentit.

Lucas témoigne : « Les gens pensent que c’est bien d’être sur le banc. Que je fais partie du groupe. Mais c’est pire des fois. Parce que tu es là. Tu vois tout. Tu vois tes potes jouer. Et à la 87ème minute, il te dit ‘vas-y rentre’. Pour quoi faire ? C’est de l’humiliation déguisée en chance. Moi ce que je veux, c’est jouer. Vraiment jouer. Pas faire de la figuration 4 minutes. »

Le remplaçant : l’assurance tous risques du coach

« Tu es là au cas où »

C’est la phrase qu’on entend le plus. « Tu es là au cas où quelqu’un se blesse. »

Traduction : tu es là pour servir les autres. Pas pour jouer.

Le remplaçant n’est pas vu comme un joueur à part entière. Il est vu comme une solution de secours. Une roue de secours. Un plan B qu’on espère ne jamais utiliser.

La torture des 90 minutes

Minute 1 à 30 : « Je vais peut-être jouer dès la mi-temps. »
Minute 60 à 80 : « Bon, je vais jouer au moins 15-20 minutes. »
Minute 85 : « Encore une fois, il va me faire rentrer pour rien. »
Minute 90+ : « Voilà. 3 minutes. Comme d’habitude. »

Théo, 15 ans : « Je sais exactement quand je vais jouer. Quand Nathan est malade. C’est tout. Je suis son remplaçant officiel. Pas un joueur. Sa roue de secours. Des fois, je me dis que je devrais souhaiter qu’il se blesse. Et ça me dégoûte de penser ça. »

Les 5 minutes d’humiliation

Jeune footballeur sur un banc, crampons propres à côté, symbole de 90 minutes d’attente
Un banc peut parfois briser plus qu’il ne construit.

Le changement « pour la forme »

87ème minute. L’équipe mène 4-0. Ou perd 0-3. Le match est plié. Le coach se tourne vers le banc.

« Vas-y, tu rentres. »

C’est censé être une chance. Une récompense. Dans la réalité, c’est une humiliation déguisée.

Maxime, 14 ans : « Quand le coach me dit de rentrer à la 87ème, j’ai envie de lui dire non. C’est insultant. Ça veut dire quoi ? Que je suis assez bon pour 3 minutes mais pas pour 20 ? Je rentre, je touche un ballon, peut-être deux, et c’est fini. C’est pas jouer ça. C’est de la charité. »

Les statistiques cruelles

Une saison type pour un remplaçant « classique » :
– 20 matchs sur le banc
– 12 entrées en jeu
– Temps de jeu moyen : 6 minutes
– Temps de jeu total : 72 minutes
Soit l’équivalent de 0,8 match complet sur toute la saison

Quand être remplaçant devient une identité

« Je suis le remplaçant de… »

Le pire moment pour un jeune footballeur ? Quand il commence à se définir par sa place sur le banc.

« Je suis le remplaçant de Nathan. » « Je suis celui qui rentre quand on gagne large. »

Son identité devient « je suis un remplaçant ». Et ça s’ancre.

Dr. Sophie Laurens, psychologue du sport : « Un adolescent qui reste sur le banc match après match développe le ‘syndrome du remplaçant permanent’. Il perd sa confiance. Et quand on lui donne sa chance, il joue crispé, terrifié de faire une erreur. Ce qui le conduit souvent à en faire. C’est un cercle vicieux terrible. »

La lâcheté du message WhatsApp

Quand l’éducateur se cache derrière un écran

Un message. C’est tout ce que ça prend pour briser un cœur d’enfant.

Pas d’explication. Pas de conversation. Juste une liste de noms envoyée sur un groupe. Froid. Impersonnel. Brutal.

Vincent, père de Sofiane, 13 ans : « Mon fils n’a pas joué un seul match. Pas un. Même pas 5 minutes. Et jamais son éducateur ne nous a expliqué pourquoi. Tout passe par WhatsApp. Quand j’ai demandé un rendez-vous, il m’a répondu par message : ‘Sofiane doit progresser physiquement’. C’est tout. Mon gamin a pleuré toute la soirée en se trouvant trop petit. Il a 13 ans. »
Ahmed, 16 ans : « J’aimerais mieux qu’il me dise en face ‘Ahmed, tu joues pas parce que t’es pas assez bon’. Au moins ce serait clair. Là, je reçois juste un message avec une liste de noms. Et je dois deviner pourquoi. Qu’est-ce qui va pas chez moi ? J’en sais rien. Et lui, il dit rien. Il se cache. »

À lire aussi : Quand ton coach te déteste : souffrance du football amateur

Les chouchous, les costauds, et les fils de…

La hiérarchie invisible

Dans chaque équipe, il y a une hiérarchie officieuse mais bien réelle. Et souvent, elle ne repose pas sur le talent.

Les « présumés nés » : quand le physique prime

Ils sont grands. Costauds. À 13 ans, ils en font 16. Alors on les aligne systématiquement. Parce qu’ils font gagner les matchs.

Mais à quel prix ? Ces jeunes stagnent techniquement. Pendant ce temps, les plus petits, ceux qui ont besoin de jouer pour développer leurs qualités techniques, restent sur le banc.

Et à 16-17 ans ? Les « costauds » se retrouvent dépassés techniquement. Mais les petits sont déjà partis. Dégoûtés.

Karim, ancien joueur du centre de formation de Sochaux : « J’ai vu des gamins physiquement en avance dominer les U13, U14, et disparaître à 17 ans. Et des petits gabarits exclus à 13 ans devenir magnifiques ailleurs. Le problème, c’est qu’on forme pour gagner le samedi, pas pour construire le footballeur de demain. »

Les chouchous et les fils de…

Le chouchou : Celui que le coach aime bien. Celui qui joue même quand il est moins bien.

Amine, 15 ans : « Je sais que je joue mieux que Théo à l’entraînement. Tout le monde le sait. Mais lui, il joue tout le temps. Moi, jamais. Parce que le coach l’aime bien. C’est tout. J’ai beau bosser, progresser, ça ne change rien. »

Le fils de… Le fils du président. Le neveu de l’entraîneur adjoint. Celui dont les parents sont « amis » avec le coach. Ils jouent. Peu importe leur niveau.

Marc, père de Rayan : « Le fils du président joue tous les matchs. Mon fils est meilleur. Tout le monde le dit. Même l’éducateur l’a reconnu en privé. Mais l’autre joue quand même. Parce que son père finance les déplacements. Mon fils, on paie 350€ la licence. Pour le voir sur le banc. »

Comparatif visuel : éducateur qui oublie l’humain vs éducateur qui respecte
Oublier l’humain ou respecter : deux chemins, deux destins.

« Faire de la licence » : l’humiliation économique

Quand l’enfant devient un numéro

Il y a une expression horrible : « faire de la licence ».

Ces jeunes qu’on recrute non pas pour les faire progresser, mais pour grossir les effectifs, remplir les caisses du club.

On prend leur argent. Et on les oublie.

Souvent entendu : « Parfois, clubs et éducateurs répondent aux parents : “Le prix de la licence, c’est juste d’être sûr d’être entraîné… mais pas une obligation de faire jouer les matchs le week-end !” »
Sandra, mère de Youssef, 13 ans : « On paie 380€ par an. C’est énorme pour nous. On se prive pour ça. Mais cette année, il n’a pas joué un seul match. Pas un. Quand j’ai demandé des explications, on m’a dit ‘beaucoup de concurrence’. Ça fait 6 mois qu’il s’entraîne pour rien. 6 mois que je le vois rentrer déçu tous les vendredis. On paie pour qu’il souffre. »

L’injustice des « joueurs gratuits »

Les clubs repèrent un joueur performant ailleurs. On lui offre la licence. Parfois les équipements. Pourquoi ? Parce qu’il va faire gagner l’équipe.

Le problème ? Ce joueur « gratuit » prend la place d’un jeune qui paie plein pot. Qui s’investit depuis des années.

Dylan, 15 ans : « Dans mon équipe, il y a deux gars qui ont 19 ans. Officiellement 17 sur les papiers. Ils jouent tous les matchs. Moi j’ai 15 ans, je paie ma licence 400€, je suis au club depuis mes 8 ans, et je ne joue jamais. Eux, le club leur paie tout. C’est dégeulasse. »

« Je suis une merde » : les mots qu’on ne devrait jamais entendre

Quand l’exclusion devient une sentence intérieure

Les adultes sous-estiment la violence psychologique de l’exclusion répétée.

Tous développent la même conviction : « Je suis nul. Je ne vaux rien. Je suis une merde. »

Kylian, 14 ans (recueilli par sa mère) : « Maman, pourquoi le coach ne m’aime pas ? Vendredi, j’ai attendu le message jusqu’à 22h. J’étais pas dedans. Encore. Samedi matin, tous mes potes sont partis jouer. Moi je suis resté. J’avais juste envie de pleurer. Maman, je crois que je suis pas fait pour le foot. Je crois que je suis trop nul. »

Kylian mesure 1m58. Il pèse 48 kilos. Il n’est « pas assez costaud ». Alors il se sent nul.

Les parents qui paient, les parents qui souffrent

L’investissement invisible

350€. 400€. Parfois 500€ par an. Pour certaines familles, c’est énorme. On se prive. On économise. Parce que son enfant aime le football.

Julie, mère de Romain : « J’ai calculé. Sur une saison, on dépense 800€ au total. Mon fils n’a joué que 40 minutes. Ça fait 20€ la minute de jeu. Mais ce qui me tue, c’est pas l’argent. C’est de le voir malheureux. De ne même pas avoir d’explication. »
Stéphanie, mère de Malik, 15 ans : « Mon fils rentre du foot le samedi soir. Je lui demande ‘alors ?’ Il me dit ‘oui oui’. Mais je vois bien. Je vois qu’il n’a pas joué. Qu’il souffre. Et moi je suis là, impuissante. Je pleure le soir dans ma chambre en me demandant si on fait bien de continuer. »

Ce qui devrait être, mais qui n’est pas

En préformation (U6-U13) : tout le monde doit jouer

C’est une règle de la FFF. En U6 à U13, le temps de jeu doit être équitablement réparti. C’est obligatoire.

Pourquoi ? Parce qu’à cet âge, on éduque. On fait découvrir. On développe. On ne sélectionne pas.

Combien de clubs respectent cette règle ? Trop peu.

En formation (U14-U19) : le respect minimum

Oui, il y a de la sélection. Mais il y a un minimum de respect :

  1. Expliquer individuellement pourquoi un jeune ne joue pas
  2. Donner un plan de progression concret
  3. Faire rentrer les remplaçants avant la 80ème pour leur donner une vraie chance
  4. Communiquer en face, jamais uniquement par message
  5. Ne convoquer que ceux qu’on compte faire jouer
Laurent Blanc, champion du monde 1998 : « Quand je convoque un gamin, c’est pour le faire jouer. Pas pour décorer le banc. Le convoquer pour ne pas le faire jouer, c’est lui donner un faux espoir. C’est cruel. »

Pour aller plus loin : U17-U19 : le dilemme entre football et vie personnelle

Les histoires qui redonnent espoir

Jonathan : du banc au centre de formation

« De 12 à 14 ans, je n’ai presque jamais joué. J’étais petit, léger. Mon éducateur ne me convoquait même pas. À 14 ans, j’allais arrêter. Un nouveau coach est arrivé. Il m’a dit : ‘Jonathan, tu as des qualités techniques que beaucoup n’ont pas. Si tu travailles ton explosivité, tu vas devenir très bon.’ Il m’a fait un plan. Il m’a fait jouer. 20 minutes, puis 30, puis titulaire. Aujourd’hui j’ai 17 ans et je suis en centre de formation. »

Samir : du remplaçant 5 minutes au capitaine

« Pendant deux saisons, j’ai été le remplaçant qui rentre à la 87ème. J’en pouvais plus. Un jour, j’ai osé. J’ai demandé à mon coach : ‘Pourquoi je joue jamais ? Qu’est-ce qui me manque ?’ Il m’a dit ‘Tu es trop tendre. Tu évites les duels.’ On a travaillé ça ensemble. Et petit à petit, il m’a donné du temps de jeu. Vraiment. Aujourd’hui, je suis capitaine. »

Le remplaçant d’aujourd’hui, le héros de demain

Les légendes qui ont connu le banc

  • Luka Modrić : trop petit, souvent sur le banc. Aujourd’hui : Ballon d’Or.
  • N’Golo Kanté : trop discret dans les catégories jeunes. Aujourd’hui : champion du monde.
  • Karim Benzema : remplaçant à ses débuts à Lyon. Aujourd’hui : Ballon d’Or 2022.
  • Fabio Grosso : jouait en Serie C à 24 ans. À 28 ans : but décisif en finale de la Coupe du Monde 2006. Champion du monde.

Qu’ont-ils en commun ? Des éducateurs qui ont cru en eux. Qui leur ont donné leur chance. Et une volonté de fer de ne jamais abandonner.

Le message aux éducateurs : le courage de la vérité

Vous blessez déjà. Par votre silence. Par vos messages WhatsApp. Par ces entrées à la 87ème minute.

Un jeune préfère mille fois une vérité difficile qu’un mensonge par omission.

Dites-lui : « Tu ne joues pas parce que défensivement tu es encore fragile. Voilà ce qu’on va travailler. Et quand tu y arriveras, tu joueras. Vraiment. Pas 5 minutes. Vraiment. »

Les 10 commandements de l’éducateur digne de ce nom

  1. En face tu parleras : jamais seulement par message
  2. Tous tu respecteras : titulaires, remplaçants, non-convoqués
  3. Le talent partout tu chercheras : pas seulement chez les costauds
  4. Le favoritisme tu banniras : ni chouchous, ni fils de…
  5. Équitablement tu feras payer : pas de joueurs « gratuits » privilégiés
  6. Honnêtement tu expliqueras : pourquoi, et ce qu’il doit améliorer
  7. Un plan tu donneras : des objectifs clairs, atteignables
  8. Du temps de jeu tu offriras : pas 5 minutes, une vraie chance
  9. En eux tu croiras : le remplaçant d’aujourd’hui est le titulaire de demain
  10. L’humain avant le résultat tu placeras
Arsène Wenger : « Le respect d’un joueur ne se mesure pas à son temps de jeu, mais à la manière dont on lui explique pourquoi il ne joue pas. Un remplaçant qu’on fait rentrer systématiquement en fin de match est un remplaçant qu’on abandonne. Et abandonner un jeune, c’est trahir sa mission d’éducateur. »

Le message aux remplaçants : ne lâche pas

Je sais que c’est dur. Que tu as mal. Que tu ne comprends pas.

Si tu es celui qui reste à la maison

Ce n’est pas un problème avec toi. C’est un problème avec lui.

Tu as deux choix :Exiger une explication : demande un rendez-vous. Pose les questions.- Partir ailleurs : trouver un club où on te respectera.

Les deux choix sont valables. Les deux sont courageux.

Si tu es celui qui est sur le banc

Continue à travailler. Et ose demander plus.

Demande : « Coach, je veux jouer. Qu’est-ce que je dois améliorer ? Et quand je l’aurai amélioré, vous me donnerez vraiment du temps de jeu ? »

S’il te répond vaguement, tu sauras. Ce n’est pas ton club.

Si tu es celui des 5 minutes

5 minutes, ce n’est pas une chance. C’est une illusion.

Dis-le : « Coach, merci. Mais je ne peux pas montrer ce que je vaux en 5 minutes. J’ai besoin de plus de temps. Comme ça, vous pourrez vraiment voir. »

S’il refuse, pose-toi la question : est-ce que ce club me respecte ?

Le message aux parents : votre rôle est crucial

N’ayez pas peur d’exiger des explications. Votre enfant paie sa licence. Il mérite du respect.

Les questions à poser

  1. « Pourquoi mon enfant ne joue-t-il pas / si peu ? »
  2. « Quels sont les points précis qu’il doit améliorer ? »
  3. « Quel est le plan pour l’aider à progresser ? »
  4. « Quand pourra-t-il avoir une vraie opportunité ? »

Si l’éducateur ne peut pas répondre clairement, c’est qu’il n’a pas de plan. Et un éducateur sans plan n’est pas un éducateur.

Infographie moderne Les 3 cercles de l’exclusion : titulaires, remplaçants, oubliés
Les trois cercles de l’exclusion : titulaires, remplaçants, oubliés.

Conclusion : Le football est un sport collectif, pas sélectif

Un remplaçant n’est pas un joueur de seconde zone. Un non-convoqué n’est pas un rebut. Un jeune qui rentre 5 minutes n’est pas un privilégié.

Ce sont des coéquipiers. Des êtres humains qui s’investissent, qui paient, qui espèrent.

Le traiter avec respect, ce n’est pas de la charité. C’est de l’humanité. C’est de l’éducation. C’est du football.

Celui qui est sur le banc aujourd’hui sera peut-être celui qui fera gagner l’équipe demain. Celui qui reste à la maison cette année explosera peut-être ailleurs l’année prochaine. Celui qui rentre 5 minutes deviendra peut-être titulaire dans six mois.

Mais pour ça, il doit encore être là. Il doit encore croire. Il doit encore sentir qu’il compte.

« Le talent détermine ce que tu peux faire. La motivation détermine combien tu es prêt à faire. L’attitude détermine jusqu’où tu iras. » – Lou Holtz
Et l’éducateur ? L’éducateur détermine si tu auras la chance d’aller quelque part.

Un enfant, un adolescent, un jeune adulte a un cœur. Un vrai éducateur le respecte. Toujours. Qu’il soit titulaire, remplaçant sur le banc, ou absent de la convocation. Tous méritent le respect. Tous méritent une explication. Tous méritent une chance..vraiment.

FAQ — Respect & temps de jeu (football amateur)

Pourquoi parler des remplaçants et des non-convoqués ?
Parce que l’exclusion silencieuse blesse de nombreux jeunes. Le respect doit être identique pour titulaires, remplaçants et non-convoqués.
Qu’impose la FFF en U6–U13 ?
Une répartition équitable du temps de jeu pour tous les licenciés.
Et en U14–U19 ?
La sélection existe, mais elle doit s’accompagner d’explications claires, d’un plan de progression et d’un vrai temps de jeu quand on convoque.
Que peuvent demander les parents ?
Pourquoi l’enfant ne joue pas, ce qu’il doit améliorer, quel plan est prévu, et quand aura-t-il une opportunité réelle.
Que peut faire un jeune qui ne joue jamais ?
Demander un rendez-vous pour des critères précis… et, si le respect n’est pas là, chercher un club où il sera considéré.

Mot de fin

On ne forme pas des classements, on forme des personnes. Donner du temps, de la clarté et du respect ne coûte rien — et ça change une saison, parfois une vie. Qu’aucun Lucas, aucun Yanis ne traverse ça en silence.

© Brigade du Foot