Pénurie de gardiens : pourquoi personne ne veut du poste ?
Pourquoi manque-t-il autant de gardiens de but dans le football amateur ?
Chaque rentrée footballistique amène son lot d’annonces désespérées : « Recherche gardien de but », « Urgent, club cherche portier », « Poste à prendre tout de suite ». Du district au niveau régional, dans les catégories de jeunes comme chez les seniors, le constat est le même : les clubs peinent à trouver un gardien.
Un paradoxe, alors que le football est le sport le plus pratiqué en France et que des milliers de licences sont distribuées chaque année. Pourquoi, malgré cet engouement, les jeunes refusent-ils de se mettre dans les cages ? Et comment les clubs tentent-ils de gérer ce déficit ?
Un poste à part, parfois ingrat
Le rôle de gardien n’a jamais été un poste comme les autres. D’abord parce qu’il est isolé : pendant qu’un attaquant peut rater cinq occasions et marquer la sixième, une erreur du gardien se paye souvent cash par un but encaissé.
« Les gamins ressentent très vite cette pression. Quand ils reviennent de l’école, ils veulent s’amuser avec le ballon, dribbler, marquer. Pas forcément passer 80 minutes à se faire fusiller dans les buts. » Julien, éducateur U15
Autre frein : l’équipement. Être gardien coûte plus cher que d’être joueur de champ. Gants, maillots spécifiques, parfois protections supplémentaires…
« Tous les parents ne veulent pas investir 100 € dans une paire de gants qui s’use vite. » Sophie, maman d’un U13
Avant, on mettait “le gros” dans les cages
Il y a encore vingt ans, dans beaucoup de clubs amateurs, on réglait le problème autrement : on mettait souvent « le gros », « celui qui courait moins vite » dans les buts. C’était une manière de remplir le poste sans trop se poser de questions. Mais le football moderne a changé.
Aujourd’hui, même à 11 ans, on cherche un gardien « formaté » : grand, élancé, capable de jouer au pied comme un défenseur central. Un enfant de petite taille ou avec un profil différent est souvent découragé d’office. Résultat : beaucoup de jeunes abandonnent l’idée de devenir gardien.
« On a tendance à oublier qu’un gardien, ça s’éduque, ça se forme. Les clubs attendent que le gamin ait la taille de Courtois à 12 ans, mais ce n’est pas réaliste. On décourage des vocations trop tôt. » Karim, ancien portier en régional
L’image du poste, un frein pour les jeunes
Autre facteur : l’image. Le gardien reste souvent dans l’ombre. Dans les cours de récréation, on imite Mbappé, Messi ou Ronaldo… rarement Maignan ou Neuer. Et quand un gardien fait la une, c’est souvent après une erreur.
« Les jeunes veulent être les héros, pas les coupables. Ils veulent mettre des buts, pas se retrouver seul responsable après une défaite. » Philippe, président d’un club rural
Dans ce contexte, la vocation de gardien est de plus en plus rare.
Des clubs contraints d’improviser
Faute de volontaire, certains clubs bricolent. Dans les petites catégories, on fait tourner les joueurs : chacun passe un quart-temps dans les cages. En seniors, on voit parfois des équipes aligner un joueur de champ dans les buts, avec les risques que cela comporte.
« On joue le dimanche avec un gardien improvisé, et ça se voit tout de suite. On perd des points bêtement, on décourage les joueurs, et parfois ça crée même des tensions dans le vestiaire. » Un entraîneur de district
Le manque de gardiens peut même mettre en péril des équipes entières. Plusieurs clubs se voient contraints de déclarer forfait faute de portier disponible.
Que faire quand on n’a pas de gardien le week-end ?
- Plan de secours clair : désigner en amont 1 à 2 joueurs “dépanneurs” formés au minimum (prises de balle, sorties, positionnement).
- Kit gardien prêt : gants à la bonne taille, maillot contrasté, short/pantalon renforcé.
- 10 minutes d’atelier avant-match : rappels basiques (alignement, premier poteau, relances simples).
- Bloc équipe adapté : défense plus basse, lignes compactes, limiter les ballons dans le dos.
- Relances “low-risk” : privilégier les remises courtes vers un défenseur identifié.
- Communication : un joueur mène la ligne défensive pour soulager le dépanneur.
Comment redonner envie d’être gardien ?
- Valoriser le rôle : applaudir une parade autant qu’un but marqué, mettre en avant les arrêts décisifs.
- Former spécifiquement : proposer des séances gardien de but, même au niveau amateur.
- Montrer des modèles : Mike Maignan, Alisson Becker, Gianluigi Buffon…
- Équiper correctement : offrir un maillot dédié, symbolique, pour donner de la fierté.
- Changer le discours : arrêter le mythe du “il faut être grand” et mettre en avant l’explosivité et la lecture du jeu.
Un enjeu pour l’avenir du football amateur
Le problème du manque de gardiens dépasse la simple question d’effectif. Il touche à la manière dont on conçoit le football. Si l’on veut que des vocations naissent, il faut redonner au poste de gardien sa juste valeur : un rôle clé, exigeant, mais aussi gratifiant.
« Quand je sors un penalty, je suis le héros. Mais quand je prends un but bête, je me sens seul. Si on m’encourageait un peu plus, je pense que j’aurais encore plus envie de continuer. » Yanis, gardien U14
Une phrase qui devrait résonner dans les vestiaires : car sans gardien, il n’y a tout simplement pas de football.
À retenir
- La pression et le coût de l’équipement freinent les vocations.
- Les stéréotypes physiques (très grand) écartent des profils compétents.
- Former, valoriser et équiper correctement peut renverser la tendance.
FAQ – Gardien de but en club amateur
Faut-il être très grand pour devenir gardien de but ?
Pourquoi y a-t-il un manque de gardiens dans le football amateur ?
Comment attirer des jeunes à jouer gardien de but ?
Que faire quand une équipe n’a pas de gardien ?
Quel est le coût de l’équipement d’un gardien de but amateur ?
Clubs, parents, éducateurs : comment valorisez-vous vos gardiens ? Partagez vos idées en commentaire.
Crédits : rédaction Brigade du Foot – Témoignages recueillis auprès d’éducateurs et familles (noms modifiés).