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Quand ton coach te déteste : souffrance du football amateur

Quand ton coach te déteste : la souffrance cachée du football amateur

« Vendredi, 18h45. Yanis lace ses crampons. Il sait qu’il a travaillé dur toute la semaine… mais il sait aussi qu’il ne jouera pas dimanche. Pas parce qu’il est en dessous. Parce que son coach ne lui parle plus. »

Un coup de gueule, mais aussi un appel à construire autrement

Se sentir aimé… ou rejeté par son éducateur

Dans la vie d’un ou d’une jeune footballeuse, tout ne se résume pas aux passes et aux buts. Il y a aussi cette boule au ventre avant l’entraînement, la peur de mal faire, l’angoisse de ne pas plaire à son coach. Se sentir mal aimé, inutile, transparent. Mais il y a aussi l’inverse : le bonheur de retrouver son équipe, la joie de croiser le regard d’un éducateur qui rit avec lui, qui prend le temps de parler, d’écouter, de comprendre.

Un vrai éducateur voit plus loin que le terrain. Il cherche à savoir pourquoi un joueur baisse d’intensité. Il s’intéresse à sa vie en dehors du foot : école, maison, soucis familiaux. Il propose des solutions, il trouve même un moyen de l’emmener à l’entraînement quand les parents travaillent. Bref, il aime ses jeunes… et eux l’aiment en retour.

Attention : le diplôme ne fait pas l’éducateur. L’homme ou la femme derrière le diplôme, oui. Un éducateur doit rendre heureux et faire progresser ses joueurs et joueuses — pas l’inverse.

Et qu’on ne se trompe pas : il y a beaucoup plus de bénévoles et d’éducateurs à 100 % derrière leurs minots que de mauvais. De même, beaucoup de présidents et dirigeants s’engagent sincèrement pour le bien-être des jeunes. Mais quelques comportements toxiques suffisent à tout ternir.

Jeune footballeur sur le banc, regard vers le terrain : frustration face aux choix du coach
Quand la passion du ballon se heurte au banc de touche.

Les « petits chefs » qui cassent les rêves

Certains coachs — ou plutôt certains éducateurs oubliant leur rôle — attendent la moindre faiblesse pour avoir une excuse de laisser un jeune sur le banc. Ils éteignent l’envie, puis reprochent la démotivation qu’ils ont eux-mêmes créée. Le mauvais coach n’a jamais tort : il trouvera toujours un coupable… sauf lui.

« Tu n’es pas motivé »… dit par celui qui a tué ta motivation.

À U11 ou U13, certains entendent déjà : « Change de sport », « Fais un régime ». Des paroles qui laissent des cicatrices. À l’adolescence (U15-U17), quand le corps change, la blessure psychologique devient souvent plus forte que la douleur physique.

Pourquoi un joueur pense que son éducateur ne l’aime pas

Souvent, ce n’est pas une phrase directe, mais une accumulation de petits signes. Pour un enfant ou un ado, ces détails deviennent lourds à porter :

  • Il ne le regarde pas quand il lui dit bonjour.
  • Il fait la bise ou tape dans la main de ses « chouchous », mais pas de lui.
  • À chaque geste ou match raté, il sera relégué dans le groupe des non-titulaires.
  • Les chouchous sont toujours choisis en premier et dans la même équipe ; lui est mis avec les plus jeunes ou les plus faibles.
  • Même en match amical “fait pour tester et faire tourner”, il joue très peu.
  • C’est souvent le premier remplacé, alors qu’il tient bien son match et que d’autres sont à la ramasse.
  • Il ne joue que s’il manque des joueurs « blessés » ou « suspendus », alors qu’il se sait au-dessus.
  • Les coachs félicitent toujours ceux qui sont « dans les petits papiers »… lui, jamais.
  • Le coach parle, rigole, conseille les autres… mais ne lui adresse jamais un mot.
  • Et si lui (ou ses parents) osent discuter : « Si t’es pas content, tu dégages » — et c’est encore pire après.

Pris isolément, chacun de ces points peut sembler banal. Répétés semaine après semaine, ils deviennent une preuve silencieuse d’injustice. Et la passion s’éteint.

Les vrais coachs, les vrais éducateurs

Mais tous ne sont pas comme ça. Heureusement. Beaucoup d’éducateurs passionnés rappellent que le football n’est pas seulement une question de résultats : c’est une mission de formation. Un bon éducateur fait progresser, donne envie de revenir et protège l’amour du jeu.

Ce qu’ils font concrètement

  • Tournois & amicaux pour tous : il multiplie les tournois et fait vraiment tourner pour donner du temps de jeu à chacun.
  • Sorties d’équipe : il organise des moments avec tous ses minots, pas seulement les “pseudo-titulaires”.
  • Entretiens 1:1 : il explique pourquoi il ne sélectionne pas, et fixe un axe clair pour regagner sa place.
  • Écoute globale : il demande s’il y a des soucis à l’école ou à la maison pour comprendre une baisse d’engagement.
  • Langage qui construit : « C’est bien », « Bravo », « Super séance », « Tu progresses ».
  • Critères publics : assiduité, intensité, attitude — les mêmes pour tous.
  • Vestiaire collectif : on gagne ensemble, on perd ensemble — jamais « on a perdu à cause de toi ».
  • Vision d’équipe : une équipe, ce n’est pas seulement les 5, 8 ou 11 titulaires. C’est un groupe entier, où chacun compte, même s’il ne joue pas le dimanche.

« Les entraîneurs entraînent au jeu, les meilleurs entraînent des hommes. » — John Wooden

Ces éducateurs adaptent aussi leur discours selon l’âge et le sexe : encourager l’audace et la confiance chez les filles, cadrer l’ego et développer l’empathie chez les garçons ; poser des repères simples chez les U9-U11 ; clarifier les rôles et objectifs chez les U13-U17.

Les dirigeants qui ferment les yeux

Derrière certains coachs toxiques, il y a parfois des directeurs sportifs, des présidents, des adjoints. Ils voient, ils savent… mais ils se taisent : « L’équipe gagne », « C’est un ami », « On ne trouvera personne d’autre ». Alors on sacrifie un jeune, puis un autre.

Question simple : accepteraient-ils que leur propre fils, leur propre fille, vive ça ?

Quand le foot devient douleur

  • Perte de confiance, boule au ventre avant l’entraînement.
  • Démotivation, isolement dans le vestiaire.
  • Abandon du sport favori, parfois définitif.

Le seuil critique se situe souvent entre 12 et 15 ans : puberté, concurrence accrue, exigences scolaires. Les filles décrochent parfois plus tôt, confrontées à une double pression (performance + regard social). Un mot peut garder un enfant. Un silence peut le perdre.

Coach parle calmement à un jeune joueur après l’entraînement
Corriger sans humilier : la base du vrai coaching.

À voir — pédagogie & mental

Mieux communiquer coach–joueur

Préparation mentale et football

Sources & pour aller plus loin

  • INJEP 2024 : pratiques, écarts à l’adolescence ; focus jeunes.
  • OMS Europe : activité physique insuffisante chez les adolescents, particulièrement les filles.
  • Lisinskiene et al. : la formation des coachs améliore le climat motivationnel et la rétention.
  • Boiché et al. : déterminants du dropout sportif chez les adolescents.

Conclusion — le football doit faire grandir ses joueurs

Un titre s’oublie. Une passion détruite, jamais. Le football amateur doit choisir : protéger l’ego de quelques-uns… ou protéger l’envie de tous. La mission d’un éducateur est claire : former des footballeurs et élever des personnes. Le diplôme ne fait pas l’éducateur : c’est l’humain derrière qui compte, sa capacité à écouter, à expliquer, à encourager — surtout quand c’est difficile.

À vous de jouer. Joueurs, parents, éducateurs, dirigeants : partagez vos expériences en commentaires. Inspirons-nous des bonnes pratiques, dénonçons calmement les dérives, et bâtissons un football qui élève plutôt qu’il ne brise.

FAQ — relations coach / éducateur / joueur

Je pense que mon coach/éducateur ne m’aime pas. Que faire ?

Demande un rendez-vous court (10 min). Pose 3 questions : critères de sélection, axe prioritaire, comment être évalué. Conclus par un plan concret de 2 semaines et reviens avec des preuves (assiduité, extraits vidéo, stats d’entraînement).

Parents : comment réagir si mon enfant rentre en pleurs ?

Écouter à froid, reformuler, demander un RDV encadré avec le coach. Si les dérives se répètent, alerter le responsable technique avec des faits datés. Éviter le dénigrement à chaud devant l’enfant.

Coach/éducateur : comment corriger sans casser ?

Relier la critique à un geste observable, proposer un exercice correctif, valider l’effort visible la séance suivante. Le silence ne motive jamais.

À quel âge les jeunes abandonnent-ils le plus ?

Seuil critique entre 12 et 15 ans (puberté, concurrence, école). Les filles décrochent parfois plus tôt que les garçons, sous une double pression (performance + regard social). Un climat d’équité et de feedbacks réduit fortement ce risque.